mardi 13 novembre 2018

Un hommage digne aux institueurs morts durant la grande guerre organisé par l'Education Nationale à l'Ecole Normale. Pourquoi ce qui est possible à l'Ecole Normale serait impossible dans les Ecoles, Collèges et Lycées de Quimper ?

Nous reproduisons ci-dessous un article du Télégramme relatant l'hommage rendu aux instituteurs du Finistère le 9 novembre dernier à l'Ecole Normale (rue Rosmadec à Quimper-actuellement ESPE: Ecole Supérieure du Professorat et de l'Education) . C'est un hommage parfaitement digne ! Pourquoi donc l'Education Nationale n'a-t-elle pas organisé une commémoration de cette qualité en direction des écoles, des collèges et des lycées de Quimper ...? LP29



14-18.Un tiers de morts au front ? Hommage aux instituteurs
(article de Ronan LARVOR paru le 9 novembre 2018 - https://www.letelegramme.fr/  )

La chorale de l’Association de sauvegarde et de valorisation du patrimoine normalien du Finistère entonne la Chanson de Craonne.



« Les instituteurs laïcs combattants ont été oubliés de tous ». Qui sait que quatorze des 27 normaliens d’une promotion quimpéroise ont trouvé la mort lors de la Première Guerre mondiale ? Ce vendredi, réparation a été faite devant le monument aux morts de l’Espe, rue de Rosmadec.
« Aujourd’hui, je me suis installé pour vous écrire, dans l’église du village que nous occupons et je ne crois pas la profaner en l’utilisant ainsi. On y est commodément installé pour écrire mais il fait un peu froid car la pauvre église n’a point été épargnée par les obus. La moitié du clocher est par terre avec la cloche. La voûte est criblée de trous et des pans de mur se sont écroulés. Elle était pourtant fort gentille cette petite église de campagne, claire, propre avec des bancs sculptés et bien alignés. La guerre ne respecte rien ». Les mots dits, ce vendredi matin, par les enfants, d’une petite voix, sont de Ronan Gestin, né à Rosporden en 1894. Il faisait partie de la promotion 1910-1913 de l’école normale de Quimper. Il a été tué d’une balle dans le front le 7 mars 1915, en Champagne, quelques semaines après l’envoi de cette lettre à ses parents. Après sa scolarité à Quimper, Ronan Gestin, brillant élève, avait continué ses études à l’École normale supérieure de Saint-Cloud. « Il a laissé de nombreuses lettres comme beaucoup de normaliens et était promis à une belle carrière », commente Jean-Pierre Garot, ancien enseignant à l’Espe (Ecole supérieure du professorat et de l’éducation) de Quimper qui organisait, ce vendredi, un hommage aux instituteurs et normaliens morts à la guerre.

Corporation décimée

« Nos instituteurs ont été d’autant plus durement touchés que beaucoup d’entre eux étaient des cadres de contact (caporal, sous-lieutenant, lieutenant, capitaine) chargés d’entraîner la troupe à monter au combat, ajoute Jean-Pierre Garot. Cela explique les lourdes pertes : la promotion 1910-1913 comptait 27 normaliens. Quatorze ont été tués. Les instituteurs sont la corporation qui a payé, en pourcentage, le prix le plus fort en vies humaines. Il y a peut-être 30 % de morts ».

La Marseillaise et la Chanson de Craonne


Ce vendredi matin, devant le monument aux morts de la rue de Rosmadec, qui porte 169 noms des deux guerres mondiales, les enfants de l’école voisine Jean-Monnet côtoyaient d’anciens normaliens. Depuis quatre ans, les élèves de Didier Bétin, travaillent sur la guerre 14-18. Ce vendredi, ils étaient chargés, par petits groupes, de lire des extraits de lettres d’instituteurs partis au front. Les mots de Ronan Gestin, mais aussi ceux de Louis Bernard, tué en 1917 à 24 ans et Yves-Marie Trellu, mort en 1916 à 22 ans, tous deux de Quéménéven. Il y avait aussi quelques lignes écrites par Jean-Yves Goyat, de Plouhinec, qui fut blessé trois fois mais en réchappa. Il deviendra directeur de l’école primaire annexe à l’école normale de Quimper. Il est mort en 1981.

Après la lecture des lettres, les enfants de CM1 de Jean-Monnet ont chanté la Marseillaise. La chorale des anciens a pris le relais. Elle était composée de normaliens de la promotion Étincelle (1954-1958) qui ont clos la cérémonie avec la Chanson de Craonne, censurée à l’époque par le commandement militaire pour ses paroles antimilitaristes.
Jean-Pierre Garot a ensuite présenté une exposition remarquable sur des parcours de Poilus instituteurs de l’école quimpéroise à partir de lettres et de photos. Il travaille aujourd’hui sur un aspect encore plus oublié de cette histoire : celle des institutrices pendant la guerre.

Ronan LARVOR


© Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper/14-18-un-tiers-de-morts-au-front-hommage-aux-instituteurs-video-09-11-2018-12128978.php#G2LR3mGYPLyQhFWT.99