dimanche 11 novembre 2018

Rassemblement Primelin 2018-L'intervention des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre (Louis SAILLOUR)

Louis SAILLOUR (4ACG)





Comme chaque année, à la même date, nous nous retrouvons devant ce monument combien symbolique du point commun qui nous réunit : dire NON à la guerre. La 4ACG (Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre) tient à marquer sa présence à ce rassemblement. D'autant que son objectif premier, affiché dans son titre, sera toujours «Contre la Guerre».
Notre rassemblement est aux antipodes des commémorations qui ont lieu ce même jour dans la plupart des villes et villages de France. Il s'agit là avant tout de glorifier les faits de guerre en présence d'aréopages de képis et et de galonnés. «Un militaire apprend la guerre et non la paix. Celle-ci pour lui ne se conçoit que par la capitulation de l'ennemi. » 
Et s'il en faut une preuve, rappelons que le 11 novembre 2017, le maire d'un petit village de l'Île d'Oléron, ayant voulu faire entendre la «Chanson de Craonne», s'est vu désavoué par les associations d'anciens combattants. Celles-ci se sont retirées après avoir replié leurs drapeaux. Pourtant combien de poilus auraient souhaité entendre encore cette chanson. Il y a cent ans, marqués par l'absurdité de cette guerre, ils la fredonnaient dans les tranchées avant de se lancer à l'assaut, contraints et forcés. 
Voici ce qu'en disait Lazare PONTICELLI, le dernier des poilus mort en 2008 : Je le cite : Cette guerre, on ne savait pas pourquoi on la faisait. On se battait contre des gens comme nous ... », «On ne voulait pas faire la guerre, on nous a obligés à la faire sans qu'on sache pourquoi ». En effet toute désobéissance conduisait au mieux « de Verdun à Cayenne », au pire valait le peloton d’exécution. «On se battait, on ne se connaissait pas. On se tuait, on ne se connaissait pas. Pourquoi? » Pauvre Lazare qui eut droit à des obsèques nationales bien malgré lui!
Et puis il y eut en effet des pelotons d'exécution. Fusillés pour l'exemple est-il dit. Bientôt, en 2019, un monument sera inauguré en leur honneur à Chauny, dans l'Aisne. La 4ACG en tant que telle a décidé d' y participer en apportant directement sa contribution et en appelant ses adhérents à y participer à titre individuel.
Ce monument est pour l'instant d'initiative associative. La réhabilitation officielle des fusillés pour l'exemple reste encore à obtenir de la Nation. Pourquoi est-ce une décision si difficile à prendre 100 ans après la fin de cette guerre. Probablement à cause de la la pression des responsables militaires. Pour eux cette réhabilitation sonne comme un aveu d'un crime d'état commis par des officiers de leur rang, dont les noms sont inscrits au fronton des édifices publics. N'oublions pas les familles de ces fusillés qui furent également frappées d'indignité. Certaines durent quitter leur commune. D'autres reçurent des factures pour payer les frais d'exécution du fils, du frère, du mari, du père. Le montant de la facture se situait entre 12 et 15 francs de 1918, c'est-à-dire entre 11.000 et 14.000 euros de nos jours!
Pour notre association d'appelés en Algérie, l'année 2018 restera marquée par un évènement qui nous touche particulièrement : la reconnaissance par le président de la République de la responsabilité de l'Etat français dans le meurtre du mathématicien Maurice AUDIN à Alger, en 1957. Celui-ci avait choisi de défendre la cause algérienne et le droit de ce peuple de disposer de lui seul. Il était dans le vrai! 
Même s'il reste à obtenir une déclaration officielle du premier ministre ou du ministre de la défense devant l'assemblée nationale, suivie d'un vote des députés, cette décision du Chef de l'Etat nous satisfait pleinement, n'en déplaise à Eric Zemmour et à d'autres nostalgiques des guerres coloniales, Car, oui, nous étions en Algérie en tant qu'armée d'occupation, défendant une cause coloniale.
Pour terminer nous voudrions dire non pas «Non à la guerre», mais «Non aux guerres». Aujourd'hui encore il y a les guerres dont on parle, celles qu'on ignore et celles qui se préparent vu l'évolution politique de certaines nations. Malheureusement l'espoir d'une paix généralisée semble s'éloigner. 
Pourtant continuons à y croire ! 
Louis SAILLOUR (4ACG)