jeudi 19 novembre 2020

Calvaire de Plorec-sur-Arguenon : une volonté manifeste d’apaisement (LT.fr-19/11/20-17h43)


L’édifice est installé au carrefour de la RD60 et de la RD89, sur un terrain
préempté par le conseil général en 1988, à l’époque du remembrement

Au lendemain de la décision du tribunal administratif condamnant le Département des Côtes-d’Armor à démonter un calvaire « illicite » à Plorec-sur-Arguenon, un consensus se dessine. Réactions.

« Je trouve ça incroyable ! » Il est 10 h, ce jeudi, à Plorec-sur Arguenon, entre la mairie et l’église. Pas la foule. Encore moins à l’heure du confinement. Sur le trottoir, deux hommes discutent. « L’affaire du calvaire ? Évidemment qu’on est au courant. Les gens en parlent. Mais c’est un peu la stupéfaction qui domine », assure Bruno, employé communal. En sa compagnie, le deuxième adjoint acquiesce. Lui n’a « pas de commentaire à faire, ce n’est pas directement l’affaire de la municipalité. Ce qui est important, c’est que les choses s’apaisent ». Un témoignage qui sera aussi celui du maire Daniel Fouéré, joint par téléphone dans l’après-midi.

À 150 mètres de là, devant le calvaire déclaré « illicite » par la décision du tribunal administratif de Rennes du 5 novembre dernier, un couple contemple l’édifice. Pressé de rentrer « avant la fin de l’heure de sortie autorisée ». Mais ne disant pas autre chose : « C’est navrant de devoir aller en justice pour ça. En plus, ce n’est pas si mal, visuellement. L’été passé, on voyait des touristes s’arrêter, prendre des photos… Mais la loi est la loi ! »

« Aucune colère, elle ne mène à rien »

Pas de colère, à peine des regrets, donc, « pour le travail des bénévoles, qui se sont donné du mal ». Ceux de l’Association pour la conservation du patrimoine religieux de Plorec qui ont réhabilité, sur le domaine public, entre 2018 et 2019, un calvaire « de mission » érigé en 1946. « C’est ça qui nous déçoit le plus. Nous avions pourtant confiance », abonde Pierre Allory, son président. Qui témoigne ne ressentir « aucune colère, elle ne mène à rien ».

L'enclos est fleuri et entretenu par des bénévoles.
L’enclos est fleuri et entretenu par des bénévoles. 

Avant d’ajouter : « Dans ces petits bourgs, on n’est évidemment pas d’accord sur tout mais l’important reste d’accepter les idées de tout le monde, de vivre ensemble, en paix ». Et de rappeler les dernières élections municipales, avec « une seule liste, rassemblant des gens qui n’ont pas forcément tous les mêmes idées ».

Loi de 1905

Du côté de la Libre-pensée, qui avait assigné le Département, propriétaire du terrain et donc du monument, devant le tribunal, « c’est une bonne nouvelle ». « Parce que la loi est respectée, tout simplement », assure François Le Pivert, par téléphone.

« C’est un de nos rôles, tout simplement. »

« Nous ne sommes pas contre les religions. Au contraire. Mais nous restons très attentifs à la défense de la Loi de 1905 », poursuit le président de la Fédération des Côtes-d’Armor, confirmant avoir été alerté « par un habitant de la commune. » Et de rappeler le précédent de la Vierge de Brusvily, non loin, pour lequel La Libre pensée s’était également mobilisée. Sans passion aucune. « C’est un de nos rôles, tout simplement ».

Le terrain vendu ?

Un précédent de Brusvily peut-être pas aussi anodin que cela. La statue incriminée s’étant finalement retrouvée installée à quelques mètres de l’espace public, dans le jardin d’un particulier. Une solution privée qui pourrait être, dans le cas de Plorec, l’issue du litige ? « Nous prenons pour l’instant acte de cette décision », déclare Romain Boutron, le président du Département. Lequel n’a pas encore arrêté la suite à donner concernant un appel éventuel.

« On s’interroge, au Département, sur l’opportunité d’être propriétaire de calvaires… »

« Il est trop tôt pour le dire, nous regardons les options ». « Mais on s’interroge sur l’opportunité d’être propriétaire de calvaires… » Ajoutant que « des associations ont fait des propositions d’acquisition. Nous les étudions très sérieusement. »

Le calvaire, réhabilité en 2018-2019, par l'Association pour la conservation du patrimoine religieux de Plorec.
Le calvaire, réhabilité en 2018-2019, par l’Association 
pour la conservation du patrimoine religieux de Plorec
source: https://www.letelegramme.fr/cotes-darmor/plorec-sur-arguenon/calvaire-de-plorec-sur-arguenon-une-volonte-manifeste-d-apaisement-19-11-2020-12659270.php