Il
semble évident que le Gouvernement a donné des consignes claires
aux Préfets et à ses partisans pour sur-jouer « l’unité
nationale » et utiliser un sens dévoyé de la journée du
11 janvier 2015 afin d’institutionnaliser les religions comme
représentants officiels des citoyens. C’est la tentative
bonapartiste de refaire un concordat généralisé pour distinguer
les « bonnes et les mauvaises formes de religions ».
Un « bon » musulman étant celui qui est d’accord
avec le gouvernement et les partis gouvernementaux de la Ve
République.
Alors
l’émotion nationale, OUI,
mais l’union nationale, NON !
mais l’union nationale, NON !
La
Fédération nationale de la Libre Pensée appelle tous les
véritables laïques à refuser ces opérations concordataires qui
visent à institutionnaliser le communautarisme. Chaque citoyen
est ainsi sommé de rester dans sa supposée communauté religieuse
d’appartenance. Ce n’est pas cela la laïcité, c’est
précisément le contraire.
La
laïcité, garantie par la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des
Eglises et de l’Etat, c’est : « L’Etat
chez lui, les religions chez elles » selon une formule
empruntée à Victor Hugo.
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* *
Lettre
de la Libre Pensée à madame Nathalie Appéré, Maire de Rennes :
Nous
ne participerons pas à votre concordat !
Madame
La Maire,
Nous
avons bien reçu votre courrier en date du 29 janvier 2015 nous
invitant à participer au Comité Consultatif pour la Laïcité. Nous
avons cependant le regret de décliner cette offre.
Autant
la Libre Pensée est disponible pour donner son avis sur la laïcité,
autant elle refuse d'en débattre avec les représentants des cultes
invités es-qualité. La loi de 1905 indique que la République « ne
reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
Nous ne voyons pas en quoi les dramatiques événements, auxquels
vous faites référence, pourraient changer cette donnée
fondamentale. Instituer un collectif, même consultatif, associant
les religions es qualité pour élaborer des recommandations
applicables à tous, nous semble profondément contraire à la
laïcité, mais bien au contraire relevant d'un esprit de concordat.
« L'État chez lui, l'Église chez elle » disait
Victor Hugo.
La
légitime indignation des citoyens devant les attentats de janvier
dernier ne justifie en rien la mise en place d'opérations
concordataires. Les relations entre l'Etat et les cultes sont
parfaitement définies par la loi de 1905. Nous sommes partisans du
respect de la Séparation des Églises et de l'État. Nous sommes
également partisans de la Séparation de la sphère publique et de
la sphère privée.
Permettez-nous
d'avoir par ailleurs une nuance d'appréciation quant à ces
terribles événements : ce n'est pas la laïcité qui a été mise
en cause par l'attentat à Charlie-Hebdo, c'est
beaucoup plus fondamentalement la liberté d'expression et la
sécurité des citoyens, valeurs républicaines antérieures mêmes à
l'instauration de la laïcité.
Permettez-nous
de penser que la meilleure des situations pour la laïcité serait
d'abord que l'Etat et les institutions de la République la
respectent. Nous ne nous lasserons pas de protester contre la
totale indécence de la présence du Premier ministre à la
canonisation de deux papes à Castelgandolfo.
Il
nous semble inconcevable que la municipalité de Rennes, lors des
mandats précédent le vôtre, ait pu financer la construction de
deux mosquées, d'une synagogue et d'un centre bouddhiste sur fonds
publics, au prétexte très répandu de leur inclusion dans des
«centres culturels». Il nous semble inconcevable que ni le
concordat d'Alsace-Moselle, ni la scandaleuse loi Debré de 1959
n'aient jamais été, et ne soient toujours pas, remis en cause par
l'État.
La
défense de la laïcité est d'abord pour nous l'abrogation des lois
antilaïques édictées par la Vème République. Elles se sont
établies de la loi Debré jusqu’à la loi Carle,
mais la première est la mère et la condition de toutes les autres.
Nous appelons les laïques à une manifestation nationale le 5
décembre 2015, pour l'abrogation de cette loi, à l'occasion du
110ème anniversaire de la loi de 1905.
Veuillez
agréer, Madame la Maire, nos meilleures salutations laïques et
républicaines.
Le Président, Jean-Sébastien Pierre
Le
Rheu, le 5 février 2015