Intervention de la Libre Pensée 29 par Patrick Le Tuhaut |
Cher(e)s
amis, cher(e)s camarades,
La
fédération départementale de la Libre Pensée 29-Cercle Jean-Marie
DEGUIGNET vous remercie de votre présence à ce rassemblement et
remercie pour leur participation les organisations amies : les
Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre (4ACG),
l’Association Fraternité Douarnenez, la Confédération Nationale
du Travail 29, le CRABES, le Mouvement de la Paix 29, l’Université
Européenne de la Paix 29, un représentant de la Ligue des Droits de
l’Homme 29.
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rassemblements comme le nôtre ont lieu dans toute la France pour
réaffirmer l’inscription du monument aux morts de Gentioux
dans la Creuse, « Maudite
soit la guerre »,
et exiger que soient réhabilités collectivement les 639 fusillés
pour l’exemple de la première guerre mondiale, pour que justice
leurs soit rendue ainsi qu’à leurs familles.
Notre
manifestation d’aujourd’hui revêt pour nous un caractère
particulier : c’est la date anniversaire du premier
rassemblement pacifiste devant le monument de Primelin, il y a vingt
ans, le 11 novembre 1997. Depuis, sans discontinuer, nous avons
assuré l’existence de cette manifestation pour dire avec le
libre-penseur Jean Jaurès, qui l’a payé de sa vie : « A
bas la guerre !».
Deux
conflits mondiaux en cent ans, qui ont fait chacun des dizaines de
millions de morts civils et militaires, plus de 8 millions en
1914-1918, entre 40 et 52 millions pour 1939-1945, et la guerre est
toujours là.Au Moyen et Proche Orient, depuis l’intervention en Afghanistan, puis en Irak, puis en Lybie, puis en Syrie, les guerres n’ont semé que misère, destruction et morts ; elles ont jeté dans l’errance et les migrations des populations entières ; elles ont été le fumier qui a nourri le développement du terrorisme. En Syrie, 500 000 morts et 12 millions de déplacés. Un rapport d’Amnesty International dénonce à propos de la Syrie, -je cite-, « l’usage disproportionné et indiscriminé de bombardements massifs sur les zones résidentielles de Mossoul tuant des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ». Le même rapport accuse les forces de la coalition sous la conduite des Etats-Unis d’avoir multiplié les frappes contre les immeubles résidentiels de Mossoul, massacrant des familles entières, aucune mesure n’ayant été prise pour protéger la vie des populations, -je cite Amnesty International-, « au mépris des engagements humanitaires et des lois de la guerre ». On est loin, très loin des prétendues attaques ciblées contre les seuls combattants, sauf à considérer que les ennemis, ce sont aussi les populations civiles, les vieillards, les femmes et les enfants.
Raqqa,
qui comptait 300 000 habitants avant l’offensive de la coalition,
n’est plus qu’un champ de ruines, une ville fantôme. Selon les
chiffres d’octobre dernier du Haut Commissariat des Nations Unies
pour les Réfugiés, le HCR, sur les 300 000 habitants, 270 000 ont
été déplacés. L’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme
quant à lui y dénombre 1 333 morts civils dont 213 femmes et 313
enfants, sans compter les blessés et ceux qui ont dû être amputés
et sont maintenant handicapés. La guerre, c’est le non-droit, le
carnage, la barbarie.
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000 milliards de dollars ont été dépensés par les gouvernements
des USA depuis septembre 2001 pour la guerre en Irak, en Syrie, en
Afghanistan. L’Orient est sous la menace d’une conflagration.
Donald Trump, le docteur Folamour de la Maison Blanche, président et
marchand de canons, exulte. Après avoir livré du matériel
anti-missile à la Corée du Sud, il présente la facture ; je
cite : « J’ai
informé la Corée du Sud qu’il
serait approprié
qu’ils payent. C’est un système à 1 milliard de dollars. C’est
phénoménal,
ça détruit des
missiles en direct dans le ciel ».
Dans le même temps, il dépêche le porte-avion nucléaire « Carl
Vinson » en mer de Chine orientale.
Quant
aux chefs d’état français, ils ne sont pas en reste et veulent se
montrer les meilleurs petits soldats au service de l’impérialisme
US, avec la peau des autres bien entendu. La France est devenue le
troisième marchand d’armes au monde avec près de 40% de ses
exportations militaires vers le Moyen-Orient. Elle participe à des
opérations multinationales au sein de missions dirigées par l’OTAN,
l’Union Européenne ou l’ONU. Entre 5 et 50 militaires sont
employés dans des missions exclusivement africaines au Libéria, en
République Démocratique du Congo, au Mali, en Côte d’Ivoire au
Sahara. 450 militaires sont restés en République Centrafricaine
après l’opération Sangaris. 3 750 militaires sont répartis entre
le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon, Djibouti et les Emirats
Arabes Unis dans le cadre d’accords bilatéraux. La France est
engagée dans quatre opérations extérieures :
-
L’opération Barkhane dans le Sahel (sur les territoires de la Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad) avec 4500 militaires déployés depuis 2014.
-
L’opération Chammal en Syrie avec 4 050 militaires sur le terrain depuis 2014.
-
L’opération Daman au Liban qui mobilise 900 militaires dans le cadre de la FINUL, Force Intérimaire des Nations-Unies au Liban.
-
L’opération Baltic Air Policing avec 100 militaires répartis dans les trois états baltes, Lettonie, Lituanie, Estonie, pour une mission de contrôle et de police de l’air sous la direction de l’OTAN.
Succédant
le 14 mai 2017 au belliciste président François Hollande, le
belliciste président Emmanuel Macron annonce la couleur en se posant
en chef des armées par un acte symbolique de remontée des
Champs-Elysées, droit dans ses mocassins à l’arrière d’un
command-car. Dans la foulée, il rebaptise le Ministère de la
Défense, Ministère des Armées. Et joignant l’action politique à
l’acte symbolique, il prépare un budget 2018 dans lequel celui des
armées augmente de 1,7 milliards d’euros, soit de 5,6% pour
atteindre 34,4 milliards d’euros à 1,82% du produit intérieur
brut, étape vers les 2% réclamés par Trump. Le Figaro du 28
septembre 2017 parle, -je cite-, d’ « un
effort inédit en faveur des armées ».
Voilà cent ans plus tard le présent et l’avenir que nous
réservent nos gouvernants, un présent et un avenir de guerres et de
souffrances. Nous ne voulons pas de ce budget militaire.
Mais
2017, c’est aussi le centième anniversaire de la révolution
d’octobre. Faut-il rappeler que la révolution s’est développée
à partir des manifestations de femmes de février 1917 précisément
sur les mots d’ordre de « la
paix, le pain, la liberté et la terre ».
Sur le front russe, des dizaines de milliers de soldats désertent ou
se mutinent, des régiments entiers se rangent du côté de la
révolution, pour la paix, en particulier à Petrograd. En France,
les soldats du corps expéditionnaire russe, envoyés par le tsar
avant son abdication, en échange d’armes, pour combattre aux côtés
des troupes françaises, exigent d’être rapatriés en Russie, ce
qui leur est refusé ; ils manifestent alors en arborant des
oriflammes rouges et des banderoles sur lesquels il est écrit :
« Vive les
soviets des soldats, à bas la guerre ! ».
L’état-major s’affole à l’idée que la révolte des soldats
russes puisse donner l’exemple aux soldats français et décide de
les isoler au camp militaire de La Courtine dans la Creuse. Le 26
juin 1917, les 10 300 soldats russes de la 1ére Brigade russe
enfermés dans le camp se mutinent. Les 16, 17 et 18 septembre,
l’armée française réduit la révolte ; il y aura entre 200
et 600 tués.
Entre
1914 et 1918, 639 soldats français sont fusillés pour refus
d’obéissance, mutilation volontaire, désertion, abandon de poste
devant l’ennemi, délit de lâcheté, mutinerie et même
« prostration », en un mot pour avoir refusé, ou n’avoir
pas pu, combattre ceux de la tranchée d’en face. 7 sont nés dans
le Finistère : Pierre Prigent né à Plouaré, Yves Goanach né
à Chateauneuf-du-Faou, François Penvern né au Relecq-Kerhuon,
Bernard Guillaume né à Pleyben, François Hénaff né à
Kerfeunten, Pierre Autret né à Audierne, Pierre Keraudren né à
Brest. Nous rendons hommage à leur mémoire. Ils nous indiquent la
voie à suivre, celle de la fraternisation entre les peuples.
C’est pour cela que nous voulons leur réhabilitation ; et
c’est précisément pour cela que les gouvernants ne veulent pas la
prononcer. La possibilité de la réhabilitation vient encore d’être
écartée par Madame Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat
auprès du ministre des armées au prétexte que la réhabilitation
juridique au cas par cas n’est pas possible, alors que ce que nous
demandons, c’est la réhabilitation collective. Face aux
renoncements officiels nous rendrons hommage, honneur et justice aux
639 fusillés pour l’exemple en érigeant sur la ligne de front un
monument à leur mémoire. Nous mettons à votre disposition un
document sur cette question. Le peuple ne veut pas de la guerre, il
veut la paix et la fraternité, il veut le droit de décider de son
propre sort, hier et aujourd’hui, ici et ailleurs, en Afrique, en
Palestine, en Catalogne et partout.
Cher(e)s
ami(e)s, cher(e)s camarades,
Je
ne peux pas terminer cette allocution sans saluer la victoire
remportée par la fédération de la Libre-Pensée du Morbihan contre
la réaction cléricale de la commune de Ploërmel. Rappelons les
faits :
-
Le 28 octobre 2006, le conseil municipal de Ploërmel décide d’accepter le don d’une statue en bronze représentant Karol Wojtyla dit Jean-Paul II, et de la sertir, avec l’autorisation du sculpteur, dans une arche surmontée d’une croix. L’ensemble est implanté sur une place publique de la commune.
-
Les 6 avril et 26 juin 2012, les libres penseurs du Morbihan engagent une action en justice pour qu’en respect de la loi de 1905 de séparation des églises et de l’Etat, l’ensemble soit déplacé dans un lieu privé ou soit débarrassé de sa croix.
-
Le 25 octobre 2017 le conseil d’Etat prend un arrêt qui fait droit à leur requête.
Nous
avons soutenu cette action de la Libre Pensée morbihannaise, en
particulier par des dons financiers. Notre modeste contribution nous
autorise à dire que nous avons participé à cette victoire de la
laïcité. Cela ne peut que nous encourager à poursuivre et
amplifier nos combats.
Réhabilitation
de tous les fusillés pour l’exemple !
Guerre
à la guerre !
Ni
dieu, ni maître !
A
bas la calotte !
Vive
la sociale !
Je
vous remercie.