« La liberté commence où l’ignorance finit »
Victor
Hugo – Poème Océan dans La Légende des
siècles
Amis,
Citoyens, Camarades,
Je
vous apporte ici le salut fraternel de la Fédération nationale de
la Libre Pensée et je remercie les associations amies présentes.
Il
y a 101 ans commençait la plus effroyable des guerres qui allait
dévaster le monde, le continent européen et les peuples. Le bilan
est celui d’une barbarie jamais égalée à l’époque et qui sera
amplifiée dans les guerres suivantes.
Il
y eut 70 millions d’hommes mobilisés sous l’uniforme, 10
millions de soldats tués, 9 millions de civils assassinés. Un
soldat sur 10 a connu l’emprisonnement dans les camps pendant la
guerre. En France, ce sont 1 400 000 de soldats tués,
300 000 civils assassinés et 4 300 000 soldats
blessés. La saignée fut telle que la France a perdu un quart de ses
hommes de 18 à 24 ans.
La
guerre ravageait tous les pays. Par exemple, il y eut entre 2,5 et 5
millions d’Ottomans tués, soit de 20 à 40% de la population de
l’Empire. Avant 1914, les Arméniens représentaient 20% de la
population anatolienne. Après 1915, ils n’étaient plus que 2%.
Il
y a 101 ans, les économies et les pays furent ruinés dans cette
gigantesque barbarie. Les dépenses de guerre représentaient, durant
le conflit, un quart des budgets des Etats en conflit. Le paradoxe,
mais en est-ce un véritablement ?, est que cette guerre
fut d’abord européenne et déboucha sur la ruine de l’Europe.
Deux géants allaient naître de ce conflit : les États-Unis et
la Russie soviétique.
Les
Etats-Unis d’Amérique furent les véritables gagnants de ce
conflit. Avant-guerre, ils étaient classés économiquement derrière
le Portugal et militairement, ils furent battus par Pancho Villa
dans le conflit avec le Mexique. Après la Première Guerre mondiale,
ils commençaient à dominer le monde et à imposer leurs intérêts
sur tous les continents.
Le capitalisme portait en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.
Le capitalisme portait en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.
Mais
de cette guerre abominable allait aussi naître le mouvement des
peuples qui, des décennies plus tard, mettrait en branle
l’indépendance de l’Afrique du Nord, de l’Afrique noire et de
l’Asie. Les troupes dites coloniales, soit 600 000 hommes,
avaient pu mesurer les faiblesses des armées impérialistes. Les
colonisés engageaient un mouvement où ils allaient surmonter leur
peur pour gagner leur liberté.
Il
y a 101 ans, durant tout le conflit, des centaines de milliers de
chinois, d’indochinois, de marocains, de tunisiens, d’algériens
et de malgaches furent littéralement déportés de leurs pays
d’origine pour travailler dans les usines à l’arrière du front.
Ils avaient interdiction de se mélanger aux autres travailleurs, car
le Service des travailleurs coloniaux au Ministère de la guerre
craignait, je cite textuellement : « qu’ils ne
prennent goût aux boissons fortes et aux femmes blanches et ne
découvrent les grèves et les syndicats ». Pas de chance !
C’est ce qui arriva précisément.
Dans
le déclenchement du conflit les torts furent largement partagés
entre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie d’un côté et la
Triple Alliance (France, Grande –Bretagne, Russie) de l’autre.
Chacune des puissances voulaient gagner des parts de marchés et
accroitre sa domination coloniale sur les peuples opprimés. On
croyait mourir pour la Patrie, on mourait pour les industriels.
Amis,
Citoyens, Camarades,
Le sang appelle toujours le sang. Il fallait d’abord une victime expiatoire, il fallait aux barbares terrasser d’abord l’homme qui se dressait pour empêcher la boucherie. Il leur fallait assassiner le grand Jaurès. « Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? » On ne cesse de poser cette question, tellement elle est décisive.
Voici
ce que répondait Georges Clémenceau : « Je ne
songe jamais sans un frisson à la première, toute première cause
de la victoire. Elle porte un nom dramatique !... Le meurtre de
Jaurès !… Si Jaurès n’avait pas été tué, je serais
peut-être arrivé au pouvoir, mais ce dont je suis sûr, c’est que
je n’y serais pas resté. J’étais debout, et je criais aux
Français : “Je fais la guerre !” Lui se serait
traîné à genoux, sanglotant : “Faisons la paix !”
Le Monstre ! En une séance, il m’aurait renversé !
Voilà de quoi, mes amis, dépend le sort d’une nation : d’un
assassin ! »
Même
après sa mort, le premier flic de France vouait aux gémonies le
grand Jaurès en le méprisant et en l’insultant. Mais il indiquait
clairement que la mort de Jaurès était la condition nécessaire
pour le déclenchement de la grande tuerie.
Il
y eut alors des millions de morts. La barbarie voulait écraser
d’effroi les travailleurs sous l’uniforme. 45 000 refusèrent
la mobilisation et furent déserteurs et réfractaires. Il fallait
aux brutes galonnées terroriser les soldats. Dès août 1914, des
dizaines de soldats furent fusillés pour l’exemple. La machine à
tuer ne fit que s’emballer.
Mais
le « Tuer ou se faire tuer » laissa la place dans
les tranchées au « Vivre et laisser vivre ». Et
les fraternisations commencèrent. Les mutineries suivirent. En
Russie, les soldats constituaient leur soviet, élisez leurs
officiers, jetaient les fusils, ils refusaient la boucherie. Et la
lueur de Février devint la lumière d’Octobre.
En
1917, sur le Front en France, 68 des 112 divisions se mutinèrent. La
France commençait à parler le russe. Mais la répression s’abattit
pour interdire la contagion. 629 soldats furent condamnés à mort et
50 furent effectivement fusillés ………… pour l’exemple.
Il
y eut 639 Fusillés pour l’exemple durant ces années de guerre,
victimes de la haine et d’une justice militaire aux ordres. Leurs
camarades et l’opinion démocratique combattirent inlassablement
pour que l’honneur leur soit rendu. 40 furent réhabilités entre
les deux guerres. Il en reste 600 dont il faut laver l’opprobre,
pour eux, pour leur famille, pour la République !
La
même haine et la même vindicte des gradés et des gouvernements
poursuivent à travers l’Histoire les Fusillés pour l’exemple.
Les Présidents de la République sont aux ordres de l’armée. Rien
ne doit déplaire à la Grande muette qui l’est surtout quand il
s’agit de rendre justice et honneur aux victimes et à leurs
familles. Mais cette bataille, ils l’ont encore perdue, surtout
dans l’opinion publique démocratique qui les a vilipendés pour
leurs turpitudes honteuses.
Le
Président de la République s’est renié, une fois de plus. On n’a
rien à attendre de lui. Il ne peut, en effet, envoyer la troupe aux
quatre coins du monde pour les « opérations extérieures »,
c’est-à-dire pour des guerres coloniales qui n’osent pas dire
leur nom, et rendre justice à ceux qui ont dit non à la guerre.
C’est
le peuple souverain qui prononcera la réhabilitation collective des
639 Fusillés pour l’exemple de 1914-1918. La République, c’est
nous. C’est pourquoi, la Libre Pensée a pris l’initiative d’une
souscription nationale pour que soit érigé un monument sur la ligne
de Front en hommage aux Fusillés pour l’exemple. Nous vous
appelons à y souscrire massivement. Plusieurs sculpteurs ont déposés
des projets, nous choisirons bientôt parmi ces œuvres proposées.
Fin
2014, à Soissons, nous avons tenu un colloque sur les généraux
fusilleurs. Une sentence les condamnant a été prononcée. Les Actes
de ce Colloque sont en vente aujourd’hui au prix de 10€. Ils sont
un élément important du procès que fait la conscience humaine
contre la guerre et les assassins.
Les
28 et 29 novembre 2015, se tiendra aussi à Saint-Nazaire un colloque
national sur les mutins, réfractaires, insoumis, déserteurs et
objecteurs de conscience. Hommage sera rendu à Nicolas Faucier,
militant libertaire et pacifiste.
En
proclamant la réhabilitation collective des 639 Fusillés pour
l’exemple, en condamnant les généraux assassins, nous gravons
dans le marbre de l’Histoire cette devise du Bureau
international du Travail : « Si tu veux la
paix, cultive la justice ».
Amis,
Citoyens, Camarades,
Les militaires, les patrons et les curés veulent faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers. Ils veulent un nouvel ordre mondial sous la houlette de la Troïka : FMI, Banque mondiale, Union européenne. Comme en 1914, ce sont toujours les peuples que l’on saigne et que l’on tue.
Ils ont tué Jaurès, mais ils n’ont pu tuer son enseignement. Voici ce que disait le premier exécuté pour l’exemple de la Première Guerre mondiale : « Nous savons que dans l’état du monde et de l’Europe les nations distinctes et autonomes sont la condition de la liberté humaine et du progrès humain. Tant que le prolétariat international ne sera pas assez organisé pour amener l’Europe à l’état d’unité, l’Europe ne pourrait être unifiée que par une sorte de césarisme monstrueux, par un saint empire capitaliste qui écraserait à la fois les fiertés nationales et les revendications prolétariennes. Nous ne voulons pas d’une domesticité internationale, nous voulons l’Internationale de la liberté, de la justice et du droit ouvrier. »
Jaurès
reprenait Victor Hugo : « La liberté commence
où l’ignorance finit ».
C’est pour en finir avec l’ignorance, pour faire triompher la liberté et, en premier lieu, la liberté de conscience qui est la matrice principielle de toutes les libertés, que la Libre Pensée a pris l’initiative de l’organisation d’une manifestation nationale laïque le samedi 5 décembre 2015 à 15h, place de la République à Paris, à l’occasion du 110e anniversaire de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat.
C’est pour en finir avec l’ignorance, pour faire triompher la liberté et, en premier lieu, la liberté de conscience qui est la matrice principielle de toutes les libertés, que la Libre Pensée a pris l’initiative de l’organisation d’une manifestation nationale laïque le samedi 5 décembre 2015 à 15h, place de la République à Paris, à l’occasion du 110e anniversaire de la loi du 9 décembre 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat.
Alors
vous serez avec la Libre Pensée et de nombreuses associations
laïques dans la rue pour défendre la laïcité de l’Ecole et de
l’Etat.
Je
vous invite dès à présent à vous inscrire à cette manifestation,
à soutenir celle-ci.
Amis,
Citoyens, Camarades,
On n’a pas fini d’entendre à nouveau dans ce pays, le mot d’ordre des combattants de la liberté :
Ni
dieu, Ni Maître !
A
bas la Calotte !
Et
vive la Sociale !
Je
vous remercie.
Annexe :
Si
vous voulez :
Être
véritablement laïque !
Etre
fidèle à la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat (loi de
1905) !
Que
les impôts de tous servent uniquement à l'école de tous les
enfants !
Que
l'effort de la Nation serve exclusivement à l'Ecole publique !
(Serment
de Vincennes du 13 juin 1960)
Etre
fidèle à « Fonds publics à l’Ecole publique,
fonds privés à l’école privée » !
Si
vous êtes :
Contre
la privatisation de l'Ecole publique qui passe par l'identification
avec
l'école privée, ce qui est le caractère propre de tous les
gouvernements
de
droite comme de "gauche " !
Pour
que toutes les religions soient maintenues en dehors de l'Ecole
publique
et
de la sphère publique !
Pour
que l'Etat reste neutre vis à vis de toutes les religions quelles
qu’elles soient !
Pour
que les lois du Régime de Vichy soient enfin abrogées
et
la législation républicaine et laïque restaurée !
Pour
que les 10 milliards d’euros, annuellement volés
pour
l’enseignement catholique, soient restitués à l’Ecole laïque !