Louis SAILLOUR (4ACG) |
Comme
chaque année, à la même date, nous nous retrouvons devant ce
monument combien symbolique du point commun qui nous réunit : dire
NON à la guerre. La
4ACG (Association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis
Contre la Guerre) tient à
marquer
sa présence à
ce
rassemblement. D'autant que son objectif premier, affiché dans son
titre, sera toujours «Contre la Guerre».
Notre
rassemblement est aux antipodes des commémorations qui ont lieu ce
même jour dans la plupart des villes et villages de France. Il
s'agit là avant tout de glorifier les faits de guerre en présence
d'aréopages de képis et et de galonnés. «Un militaire apprend la
guerre et non la paix. Celle-ci pour lui ne se conçoit que par la
capitulation de l'ennemi. »
Et
s'il en faut une preuve, rappelons que le 11 novembre 2017, le maire
d'un petit village de l'Île d'Oléron, ayant voulu faire entendre la
«Chanson de Craonne», s'est vu désavoué par les associations
d'anciens combattants. Celles-ci se sont retirées après avoir
replié leurs drapeaux. Pourtant combien de poilus auraient souhaité
entendre encore cette chanson. Il y a cent ans, marqués par
l'absurdité de cette guerre, ils la fredonnaient dans les tranchées
avant de se lancer à l'assaut, contraints et forcés.
Voici
ce qu'en disait Lazare PONTICELLI, le dernier des poilus mort en 2008
: Je le cite :
Cette guerre, on ne savait pas pourquoi on la faisait. On se battait
contre des gens comme nous ... »,
«On
ne voulait pas faire la guerre, on nous a obligés à la faire sans
qu'on sache pourquoi ».
En
effet toute désobéissance conduisait au mieux « de Verdun à
Cayenne »,
au
pire valait le peloton
d’exécution. «On
se battait, on ne se connaissait pas. On se tuait, on ne se
connaissait pas. Pourquoi? »
Pauvre Lazare qui eut droit à des obsèques nationales bien malgré
lui!
Et
puis il y eut en effet des pelotons d'exécution. Fusillés
pour l'exemple est-il dit. Bientôt,
en 2019, un monument sera inauguré en leur
honneur à Chauny, dans l'Aisne. La 4ACG en tant que telle a décidé
d' y participer en apportant directement sa contribution et en
appelant ses adhérents à y participer à titre individuel.
Ce
monument est pour l'instant d'initiative associative. La
réhabilitation officielle des fusillés pour l'exemple reste encore
à obtenir de la Nation. Pourquoi est-ce une décision si difficile à
prendre 100 ans après la fin de cette guerre. Probablement à cause
de la la pression des responsables militaires. Pour eux cette
réhabilitation sonne comme un aveu d'un crime d'état commis par des
officiers de leur rang, dont les noms sont inscrits au fronton des
édifices publics. N'oublions pas les familles de ces fusillés qui
furent également frappées d'indignité. Certaines durent quitter
leur commune. D'autres reçurent des factures pour payer les frais
d'exécution du fils, du frère, du mari, du père. Le montant de la
facture se situait entre 12 et 15 francs de 1918, c'est-à-dire entre
11.000 et 14.000 euros de nos jours!
Pour
notre association d'appelés en Algérie, l'année 2018 restera
marquée par un évènement qui nous touche particulièrement : la
reconnaissance par le président de la République de la
responsabilité de l'Etat français dans le meurtre du mathématicien
Maurice AUDIN à Alger, en 1957. Celui-ci
avait choisi de défendre la cause algérienne et le droit de ce
peuple de disposer de lui seul. Il était dans le vrai!
Même
s'il reste à obtenir une déclaration officielle du premier ministre
ou du ministre de la défense devant l'assemblée nationale, suivie
d'un vote des députés, cette décision du Chef de l'Etat nous
satisfait pleinement, n'en déplaise à Eric Zemmour et à d'autres
nostalgiques des guerres coloniales, Car, oui, nous étions en
Algérie en tant qu'armée d'occupation, défendant une cause
coloniale.
Pour
terminer nous voudrions dire non pas «Non à la guerre», mais «Non
aux guerres». Aujourd'hui encore il y a les guerres dont on parle,
celles qu'on ignore et celles qui se préparent vu l'évolution
politique de certaines nations. Malheureusement l'espoir d'une paix
généralisée semble s'éloigner.
Pourtant
continuons à y croire ! Louis SAILLOUR (4ACG)