Financement public des
ostensions limousines :
le
Conseil d’Etat rejette les pourvois
des confréries et associations catholiques
des confréries et associations catholiques
La
loi de 1905 interdit tout financement public des cultes !
Une victoire des laïques et de la Libre Pensée
Une victoire des laïques et de la Libre Pensée
Rappel des faits
Les ostensions limousines sont des processions qui ont lieu
tous les 7 ans dans une vingtaine de communes du Limousin, principalement de
Haute-Vienne. Elles ont pour origine la croyance survenue après une procession
en l’an 994 en la guérison miraculeuse à Limoges de milliers de personnes
atteintes d’ergotisme, une maladie due à un champignon, l’ergot de seigle. Ce sont
des manifestations religieuses du culte catholique comme le revendique lui-même
le diocèse de Limoges : « Les
ostensions limousines sont des manifestations religieuses […] C’est une sortie
des reliques des saints et de leurs reliquaires et de leurs châsses au cours
d’une célébration chrétienne ou de plusieurs (reconnaissance, eucharistie,
procession) pour les montrer, les lever, et les donner à la vénération du
peuple rassemblé. »
En mai
2009, 21 Laïques et Libres penseurs de Haute-Vienne et de Creuse ont demandé au
Tribunal Administratif de Limoges de juger l’illégalité de subventions
publiques aux ostensions et ainsi de faire respecter la loi de 1905,
particulièrement son article 2 qui dit: « la
République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte.(…). Le
Conseil général avait versé 26 360€, le Conseil régional 41 497€ et
toutes communes concernées sauf une avaient octroyé aux comités ostensionnaires
des subventions d’un moment variable de 2 000 à 20 000€.
Le Tribunal
administratif de Limoges a donné raison aux laïques et libres penseurs par un jugement en date du 24/12/2009
Suite
à ce jugement, les sommes versées aux confréries et comités coorganisateurs des
ostensions ont été restituées aux collectivités publiques. Cette décision du Tribunal a été contestée en appel devant la Cour
Administrative d’Appel de Bordeaux en 2010 par 6 confréries et comités, par une
commune et par le Conseil Régional du Limousin (à l’unanimité de la commission
permanente, droite et gauche moins une voix).
La Cour Administrative d’Appel de Bordeaux
par des arrêts rendus le 21/12/2010
a confirmé le jugement du Tribunal administratif de Limoges
Deux
confréries et un comité ostensionnaire se sont obstinés en portant l’affaire
devant le Conseil d’Etat en introduisant deux pourvois en cassation en avril
2011 demandant l’annulation des arrêts de la Cour d’Appel. Ces associations
catholiques apparemment fortunées, ont obligé les 21 laïques et libres penseurs
à continuer ce combat en justice et à leur frais devant le Conseil d’Etat pour
demander que soient rejetés ces pourvois et à nouveau jugé illégitime la
prétention de financer les ostensions par l’argent public.
Le Conseil d’Etat a rendu ses conclusions le 15/01/2013, il a
rejeté les pourvois des confréries et associations catholiques.
Le Conseil d’Etat a jugé que la Cour administrative d’appel de Bordeaux n’avait
fait aucune erreur de droit, que les ostensions sont bien en premier lieu des manifestations religieuses du culte
catholique et qu’à ce titre elles ne peuvent donc bénéficier de subventions
publiques. Le Conseil d’Etat a jugé que l’article 2 de la loi de 1905 n’est
nullement incompatible avec les articles 9 et 14 de la Convention européenne
de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, articles
qui se rapportent au droit de toute personne à la liberté de pensée , de
conscience et de religion. Le Conseil d’Etat a donc rejeté l’argument mis en
avant par les confréries voulant faire reconnaître une discrimination à
l’encontre des catholiques dont les ostensions ne seraient plus subventionnées.
Le Conseil d’Etat a condamné aux dépens les 3 associations.
Quelques rappels sur 4 années de combats et procédures
Pour ce qui concerne le Conseil général de Haute-Vienne et le Conseil régional du Limousin, ce sont les commissions permanentes de ces collectivités publiques qui ont pris en 2009 les décisions de subventionnement et cela à l’unanimité de leurs membres, toutes sensibilités politiques confondues (PS, PCF, Verts, UMP).
Si le Conseil général décida de ne
pas faire appel de la décision du Tribunal administratif de Limoges de décembre
2009 jugeant illégal les subventions publiques aux ostensions, rappelons que le
Conseil Régional quant à lui fit appel, cette décision fut prise à l’unanimité
moins une abstention.
Dans le cadre de cette procédure
Monsieur Denanot Président du Conseil Régional (socialiste) fit introduire en
août 2010 par ses avocats le dépôt d’une QPC (question prioritaire de
constitutionnalité) pour faire juger l’inconstitutionnalité de l’article 2 de
la loi de 1905. Rien que ça de la part d’un élu de la République, membre du
parti constitué par Jean Jaurès, celui qui fut un des artisans de la loi de
1905, cette œuvre incomparable des socialistes, des républicains, des francs maçons
et des libres penseurs de l’époque, cette loi qu’ils firent graver dans le
marbre, admirée et enviée depuis par les démocrates et les peuples du monde
entier !
Là encore, il fallut toute la
vigilance et l’intervention rapide et énergique des laïques de Haute-Vienne,
des instances de la Libre Pensée jusqu’à l’intervention de son Président Marc
Blondel pour que le Président de la Région Limousin abandonne cette prétention
anti laïque et réactionnaire de faire juger anti constitutionnelle la loi de
1905.
Et que n’a-t-on lu et entendu durant
ces 4 ans comme arguments éculés et renoncements laïques mais aussi comme
mensonges et attaques à l’égard des libres penseurs ! Reconnaissons que
dans ce domaine les organisations catholiques ne furent pas les plus virulentes
au regard de l’attitude de certains élus de la République et de responsables
politiques (droite et gauche) qui au nom du développement du tourisme, du
commerce local, de l’artisanat, de l’électorat, du patrimonial, de la tradition
limousine, etc…défendirent avec acharnement le subventionnement public des
ostensions catholiques.
Les conclusions du Conseil d’Etat
confirmant l’illégalité de subventions publiques aux ostensions remettent les
pendules à l’heure. La loi de 1905 et la laïcité
sont vivantes dans la conscience de l’écrasante majorité des citoyens de ce
pays.
La Séparation des Eglises et l’Etat est un principe intangible de la République.
Il n’appartient à personne de
faire tourner la roue de l’Histoire à l’envers. Cela ne renforce que plus la
détermination de la Libre Pensée d’œuvrer, sans relâche, pour l’abrogation de
loi Debré, mère de toutes les lois anti laïques.