Primelin
un enfant qui repousse ces blocs, c'est à dire les guerres
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Primelin
est un bourg situé à la pointe du Finistère non loin d'Audierne.
Dans les années 90, la municipalité s'est adressée à deux
sculpteurs, Véronique MILLOUR et Philippe MEFFROY¹ afin qu'ils
proposent une maquette pour un monument aux morts. Jusque-là le
monument n'était qu'un assemblage de plaques de marbre gravées
portant le nom des victimes tuées à la guerre.
C'est notamment pour répondre au souhait des Anciens Combattants que fut envisagée l'érection d'un nouveau monument. Les sculpteurs écrivent dans un courrier qu'ils nous ont adressé:
C'est notamment pour répondre au souhait des Anciens Combattants que fut envisagée l'érection d'un nouveau monument. Les sculpteurs écrivent dans un courrier qu'ils nous ont adressé:
«
(...)
Eux
[les Anciens Combattants] voulaient perpétuer le souvenir mais
lorsque nous leur avons présenté une idée d'espérance et non plus
de chagrin, d'avenir et non plus de passé, l'idée d'un enfant
repousse ces blocs, c'est-à-dire les guerres (résultats
d'incompré-hensions, de haines, de luttes pour le pouvoir...)
et
qui parvient à
les
ébranler.
Ils ont
bien aimé cette idée, comprenant bien que nous ne faisions
d'aucune façon injure à
leurs
morts.
La
symbolique n'est pas celle d'un enfant qui se heurte à un
mur et dont l'avenir est bouché mals d'un enfant qui refuse,
qui agit et espère ... »
Ce
monument
atteste de la force du courant pacifiste actuel et de cette
conviction que les guerres contre les peuples ne peuvent rien régler.
La réalisation du monument de Primelin est d'autant plus émouvante
que sans qu'il y
ait
nécessairement référence consciente à
ce
puissant rejet populaire de la guerre qui a marqué la fin de la
première guerre mondiale, les artistes
ont
exprimé dans leur
création
un
sentiment
du
même
type
en
l'enracinant dans
le
présent
et
dans
l'avenir,
ce
qui
fait
que
le
monument de Primelin est plus un «
monument
de vie»
qu
' un monument aux morts. Il répond en cela aux convictions de
nombreux libres penseurs et pacifistes . C'est ainsi qu' un de nos
camarades libre-
penseur
de la Corrèze² a pu recueillir des informations, en quelque sorte
officieusement grâce à
la
ténacité et à
la
persévérance de ses
amis
bretons, sur
cette
réalisation. Notre camarade, malgré les difficultés
rencontrées,
n'a pu s'empêcher de raire
connaître, dans une lettre
au
maire de Primelin³, «
le
formidable choc émotionnel »
ressenti
devant le monument : «D'entrée,
le lien s'établit avec cet autre enfant de GENTIOUX et je compris
qu'if n'était plus seul portant chacun leur message, se complétant
l'un l'autre. [. . .j
L'enfant
faisant s'écrouler
le mur des guerres, quel symbole, à
l'heure
où le canon tonne dans 85
pays
de la planète et où la barbarie, allant de la machette ou de la
hache à l'engin le plus perfectionné, éclate à nos portes.
Raison
et sagesse encore près du mur écroulé. Ces deux plaques de vos
disparus tellement chargées qu'il n'y a plus de place pour inscrire
d'autres noms et, clé de voûte et formidable symbole, surtout, ce
dernier bloc que l'enfant nous impose de ne jamais monter.
[...]
Cet enfant, ses
symboles, tout ce
qu'il représente n'est plus seulement le vôtre, son message
s'adresse à tous
les enfants du monde.
Cet enfant appartient à l'HUMANITÉ toute entière.
Cet enfant appartient à l'HUMANITÉ toute entière.
[...]
PRIMELIN et
son enfant, avec tout ce qu'il représente
et tout ce
qu'il impose (ne pas reconstruire le mur et ne jamais monter le dernier bloc) n'est pas seulement à vous ; son message est passé, ce nom est d'ores et déjà connu bien au-delà de nos frontières car partout où il y a des guerres, il faut que des enfants disent MAUDITE SOIT LA GUERRE et comprennent pourquoi il ne montera plus aucun bloc sur le mur écroulé de PRIMELIN.
qu'il impose (ne pas reconstruire le mur et ne jamais monter le dernier bloc) n'est pas seulement à vous ; son message est passé, ce nom est d'ores et déjà connu bien au-delà de nos frontières car partout où il y a des guerres, il faut que des enfants disent MAUDITE SOIT LA GUERRE et comprennent pourquoi il ne montera plus aucun bloc sur le mur écroulé de PRIMELIN.
[...]
Avec lui, grâce à
lui, nous
allons bâtir des
MONUMENTS DE VIE.
Ce sera le plus beau et le plus grand message pour passer de la DER
des DER à l'enfant
de Primelin. »
Le
monument a été inauguré le 11 novembre 1994
coupure de presse |
Notes
1-Nous
remercions Véronique Millour et Philippe Meffroy de nous avoir
autorisés à rendre public tout ou partie de leur lettre.
2-Emile
Maurie.
3-Lettre
datée du 19 avril 1999 et dont Emile Maurie nous a adressé une
copie. Dans cette lettre EM cite le monument de Strasbourg qu'il
décrit ainsi : « une mère tenant sur elle deux
enfants morts, l'un ayant la tête tournée vers la France et l'autre
vers l'Allemagne, ouvrant ainsi la dimension internationale. »
Ce
texte de présentation du monument aux morts de Primelin (29), un
monument aux morts pas comme les autres, est extrait de l'ouvrage de
Danielle et Pierre ROY « Autour de monuments aux morts
pacifistes en France » éditée par la Fédération Nationale
Laïque des Associations des Amis des Monuments Pacifistes,
Républicains et Anticléricaux édité en 1999 et réédité en 2006