Un
démêlé entre la RATP et l’évêque catholique romain Di Falco Leandri à
propos d’un désaccord sur l’énoncé d’une publicité fait l’objet d’un
buzz médiatique qui débouche étrangement sur un débat politique.
Ainsi, un boy’s band propulsé par un
évêque producteur rompu au marketing s’affiche donc dans les couloirs du
métro et agrémente sa communication d’une référence aux chrétiens
d’Orient et voici que la confusion s’empare de nouveau des media et que
le Premier ministre tranche en une phrase, alors qu’un tribunal civil
est appelé à juger en référé.
La laïcité n’est nullement en cause, la
RATP est une régie exploitée sous la forme d’établissement public
industriel et commercial, c’est-à-dire une entreprise qui, comme bien
d’autres, a ses propres pratiques en matière de contrats publicitaires,
c’est d’ailleurs ce que le tribunal s’apprête à juger.
Mais la confusion existe bel et bien et
elle a un sens celle de ramener les communautés religieuses au centre
des débats publics et de faire du Premier ministre, qui se met
facilement dans la peau du Premier consul du concordat de 1801, devenant
l’arbitre des bonnes pratiques religieuses, tandis que l’évêque Di
Falco promeut son petit commerce en utilisant les faits de guerre
dramatiques qui se déroulent en Irak et en Syrie.
De nombreuses minorités religieuses :
catholiques, orthodoxes, nestoriens, alevis, yezidis , bektachis… sont
victimes de crimes de masse et d’exactions dans les conflits qui
ravagent la Syrie et l’Irak depuis vingt-cinq ans, alors même que les
individus y sont plus que jamais assignés à une identité communautaire.
Le fait pour l’évêque Di Falco de soutenir l’une d’elle relève de sa
décision politique, en cohérence avec celle du Pape, cela confirme le
retour de l’Église catholique sur la scène politique, ce qui est son
droit.
Mais qu’un Premier ministre de
la République s’engage dans cette polémique au côté de l’évêque, cela
confirme l’appréciation de la Libre Pensée : quand la « laïcité » est
partout, elle n’est nulle part ! Cette confusion entretenue est lourde
de tous les dangers.
La
Libre Pensée invite citoyennes et citoyens à conforter à ses côtés la
loi de Séparation des Églises et de l’État en préparant la manifestation
nationale organisée le 5 décembre 2015 à Paris à l’occasion de son 110e
anniversaire.
Paris le 6 avril 2015