La Fédération nationale de la Libre Pensée informe :
Communiqué de la Libre Pensée de Moselle
A propos de la création du Comité Inter religieux de Moselle
Depuis 1905, la République française est laïque !
L’article
1er de la loi de 1905 stipule : « La République assure la liberté de
conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules
restrictions édictées dans l’intérêt de l’ordre public »
L’article 2 affirme solennellement : « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
C’est
pourquoi la Fédération de la Libre Pensée de la Moselle proteste
vigoureusement contre l’initiative prise par le préfet de Moselle, M.
Nacer Meddah, de créer un « Comité inter religieux de Moselle » avec
les représentants des cultes reconnus et non reconnus de Moselle.
Le
Préfet a pour rôle de faire respecter les lois, il est le garant de
l’État et des valeurs de la République dont la laïcité, la neutralité
s’impose à sa fonction. En apparaissant ainsi aux côtés des autorités
religieuses, paré de ses habits de haut fonctionnaire, M. Nacer Meddah
indique implicitement que la politique de l’État vis à vis des citoyens
serait de les encourager à modifier leurs attitudes vis à vis de ces
communautés religieuses, « vivre ensemble » et attentats terroristes
obligent… Monsieur le Préfet se croit sans doute revenu sous le Consulat
et sous Bonaparte.
C’est
une image forte qui ne peut que marquer les esprits de la multitude des
citoyens qui composent la société en Moselle. Ainsi, chacun d’entre
nous est donc invité pour le moins à se reconnaître ou à se sentir
représenté par un des chefs de communautés membres du comité inter
religieux, et pour le plus à s’incorporer dans l’une ou l’autre des
options religieuses présentée comme conforme au « vivre ensemble ».
Cela
fait écho au discours ambiant après les meurtres odieux de janvier. Les
citoyens sont appelés à rester dans leur communauté d’appartenance
religieuse réelle ou supposée. Les chefs religieux deviennent ainsi les
représentants légitimes des citoyens. C’est le concordat généralisé à la
République. Que deviennent alors les athées, les agnostiques et les
libres penseurs dans un tel système ? Des citoyens de seconde zone ?
L’initiative
est d’autant plus condamnable qu’elle vise à permettre aux religions de
remettre les pieds dans des lieux comme la Préfecture, représentant le
pouvoir républicain, séparé des Églises depuis 1905. Le rôle de M. le
Préfet, représentant de la République, est de veiller à ce que le libre
exercice des cultes ne trouble pas l’ordre public, et non pas de
s’ériger en médiateur des communautés religieuses et en promoteur du
communautarisme.
Le
communautarisme, addition d’intérêts religieux particuliers, est la
négation de la concorde civile entre citoyens libres et égaux en droits
voulue par la loi de Séparation des Églises et de l’État de 1905.
Le
préfet doit veiller au respect de l’égalité des droits entre citoyens,
pas à la promotion des cultes sur la place publique et dans la presse.
La politique inter religieuse ne lui appartient pas. Elle relève des
seules religions elles-mêmes. L’État chez lui, les religions chez elles.
Ainsi,
sous couvert de « vivre ensemble » les représentants des cultes
seraient autorisés par Monsieur Le Préfet à intervenir en milieu «
scolaire, carcéral, hospitalier … » en vue de « changer les regards sur
les religions » !
De
quel droit le préfet patronne-t-il une opération cléricale qui vise à
manipuler et modifier les consciences citoyennes en vue de « relancer un
printemps des religions », en vue d’enrayer l’inexorable sécularisation
rationnelle qui affecte les croyances religieuses, les dogmes et les
cultes ? « Printemps » terme particulièrement chargé de sens depuis
qu’il a été utilisé pour nommer le mouvement des peuples qui sont venus à
bout de Ben Ali et autres Moubarak, dirigeants tyranniques. La
République laïque, dénoncée comme « laïcarde » par des élus d’un large
éventail politique devrait-elle subir le même sort ?
Le
Préfet bafoue officiellement le principe de neutralité et de Séparation
de l’État en vigueur depuis plus d’un siècle. Il le fait pour les
cultes aujourd’hui, demain dictera-t-il aux agnostiques et non-croyants
les principes de morale qu’ils devraient adopter pour un meilleur «
vivre ensemble » ? Les non-croyants, les athées, les agnostiques, les
libres penseurs, les citoyens qui ne se reconnaissent pas dans ces
cultes devraient-ils quitter la Moselle pour se sentir chez eux au
risque de passer pour des adversaires d’un « vivre ensemble » bien
particulier préconisé par M. Le Préfet !!!
Dès
lors, la proposition des cultes « d’abandonner le délit de blasphème »
apparaît sous un tout autre jour, il ne s’agit en fait que d’épouser
l’émotion ambiante pour mieux réaffirmer une situation concordataire
élargie des cultes catholique, protestants, juif, aux cultes musulman et
orthodoxe, en attendant une généralisation, qui n’en doutons pas, aura
une prétention beaucoup plus importante sur un plan politique et
géographique.
On
ne cesse de nous parler de laïcité, mais ce que le Préfet de Moselle
fait, c’est non seulement le maintien du statut clérical d’exception
d’Alsace-Moselle, mais c’est son renforcement et son extension aux
religions orthodoxes et à l’Islam. C’est-à-dire la négation même de la
laïcité garantie par la loi de Séparation des Églises et de l’État.
Les victimes
des attentats terroristes de Paris subissent aujourd’hui la double peine : eux qui ont toujours défendu la
République laïque, sont non seulement les victimes de leur liberté de conscience et d’expression, mais sont utilisés
post-mortem au service de manipulations inter-cléricales initiées, menées et coordonnées par un préfet de la
République ! Dans un pays laïque, le préfet ne peut être un organisateur
du dialogue inter-religieux ni un promoteur des cultes. Il doit agit au compte
de tous les citoyens.
La Fédération nationale de la Libre Pensée ne laissera pas faire. Elle a
décidé de saisir le Ministre de
l’Intérieur et l’Observatoire de la
laïcité afin qu’elle rappelle à l’ordre les responsables publics afin que
soit mis un terme à ces violations de
la liberté de conscience des citoyens et de la laïcité.
Metz le 23/01/2015
La Fédération nationale de la Libre Pensée répond par avance « aux bonnes âmes » qui ne manqueront
pas de dire que cela se passe en terre concordataire. L’Est républicain informe
en date du 23 janvier 2015, que le Préfet de Meurthe-et-Moselle a pris une initiative
similaire à Nancy, qui n’est pas en terre concordataire. Il s’agit bien d’une
offensive généralisée du cléricalisme contre la loi de 1905 en utilisant
odieusement et indignement les victimes des barbares attentats de janvier 2015.
En voici la preuve: