Amis, Citoyennes, Citoyens, Camarades,
Je vous apporte ici le salut fraternel de la Libre Pensée 29 – Cercle Jean-Marie Déguignet et de la Fédération nationale de la Libre Pensée.
Une nouvelle fois, avec chaque année plus
de force encore, la Libre Pensée est à l’initiative de plus de 120
rassemblements et initiatives autour du 11 novembre devant les monuments
pacifistes et nous en découvrons chaque jour de nouveaux. C’est tout un pan de
l’histoire du mouvement ouvrier, pacifiste et internationaliste qui a été
occulté par les bellicistes de droite comme de gauche, que la Libre Pensée
fait remonter à la surface de la conscience collective des citoyennes et des
citoyens de ce pays.
Depuis des décennies, la Libre Pensée
combat avec énergie pour que justice et honneur soient rendus aux Fusillés pour
l’exemple de la Première Guerre mondiale. Sur ce chemin de liberté, nous avons
rencontré beaucoup d’appuis. Malgré le fait que beaucoup de médias aux ordres
veulent taire l’action de la Libre Pensée, force est de constater que ne
cessent de passer, sur les écrans de télévisons, les documentaires et les films
sur cette tragédie. Depuis un an, la presse locale ne cesse d’écrire sur les
Fusillés, sur ces enfants des villes et des campagnes, assassinés PAR
des balles françaises.
Nous avons réussi notre engagement : personne ne peut
évoquer le centenaire de la Grande boucherie impérialiste sans mentionner les
Fusillés pour l’exemple. Nous avons gagné la bataille de l’opinion. Et ce n’est
pas une mince affaire.
Et ce,
contre le
Président de la République
qui s’est renié,
contre le Sénat qui, pour une fois dans son histoire, aurait
pu être utile à quelque chose et qui s’est fourvoyé, une nouvelle fois, en
refusant de rendre leur honneur aux soldats français tombés sous les balles
françaises,
contre l’Assemblée nationale, assemblée croupion de la Ve République,
qui refuse d’entendre la voix du peuple alors qu’elle est censée le
représenter.
Le gouvernement français fait la guerre
en différentes contrées du monde.
Quand on bombarde, quand on tue, quand on
occupe un territoire qui n’est pas le sien, comme au bon vieux temps de la coloniale
et de l’Empire, alors bien sûr, on ne peut réhabiliter ceux qui ont su dire non
à la barbarie et à la guerre. Quand le sang coule partout sur tous les
continents, alors il faut l’Union sacrée.
« L’Etat a une longue histoire,
elle est pleine de sang » disait Clémenceau, un connaisseur.
L’Union sacrée s’est toujours faite, hier
comme aujourd’hui, avec les généraux, avec les fusilleurs, avec les patrons et
avec les curés. Ce monde inquiet sent toujours la poudre et l’eau bénite. Quand
on fait l’Union sacrée, pas question pour ceux qui nous gouvernent de fâcher
leur sainte-mère-l’Eglise. Il faut que les milliards tombent toujours dans son
escarcelle au nom de la loi Debré et des lois de Vichy qui n’ont jamais été
abrogées.
Il faut la bénédiction des prélats,
pasteurs, rabbins et imams pour lutter contre « l’axe du mal
» au nom de « l’axe du bien » et « pour une
guerre juste » si cher à Georges W. Bush, à Barack Obama
et au complexe militaro-industriel des Etats-Unis.
Comme
en 1914-1918, pendant les guerres, les affaires continuent.
Chaque seconde dans le monde, les dépenses militaires
représentent 41100 euros (en 2010), soit plus de 3,5 milliards de dollars par
jour et 1464 milliards d'euros par an.
Celles des Etats-Unis représentent 43% du total.
Et vous vous demandez pourquoi il y a la
guerre ? Parce que cela rapporte, et beaucoup aux capitalistes.
Ces dépenses sont 2,60% du Produit
National Brut mondial soit 236 dollars
environ par habitant de la planète
Avec
moins de 1%, on supprimerait à tout jamais la misère sur la planète.
Mais, il faut l’Union sacrée avec les patrons pour tout sacrifier
à la recherche du sacro-saint profit capitaliste et financier. Il faut
satisfaire aux exigences du CAC-40, des agences de notation, de la Banque
mondiale, du FMI et de l’Union européenne. Et pour cela, il faut détruire les
acquis sociaux, les emplois dans les usines, les postes dans les
administrations. Il faut faire table rase de la Sécurité sociale et des
conquêtes sociales.
On doit exalter le « sacrifice » pour le bien de
la Nation, confondu allégrement avec celui des capitalistes et des gouvernants.
Les Grands de ce monde sont toujours prêts à sacrifier la dernière goutte du
sang des autres et le dernier acquis social des salariés, pour leurs intérêts.
La devise du libéralisme a toujours été : « Pourquoi faire
payer les riches, quand les pauvres sont si nombreux ? ».
Alors, réhabiliter ceux qui ont dit non à
tout cela, « vous n’y pensez quand même pas ! ».
Est-ce donc impossible ? Qui sont les véritables
responsables de ce véritable déni de justice ? Qui couvre les crimes des
généraux assassins d’hier ? La caste des généraux d’aujourd’hui ?
Qui ?
On nous appelle au devoir de mémoire, nous y sommes
prêts. Nous rappelons qu’hier, les mêmes au pouvoir, ont amnistié-réhabilité
les généraux putschistes fascistes qui ont fait un coup d’Etat en Algérie. Les
mêmes ont fleuri pendant longtemps la tombe du maréchal collaborationniste
Pétain.
Pourquoi les simples soldats n’ont-ils pas le droit à
la même considération des gouvernements ?
Faut-il être un général fasciste pour avoir le droit
d’être réhabilité ?
Faut-il être un
maréchal collabo pour être honoré ?
Le 11 novembre auquel nous participons
n’est pas celui des galonnés, des mitrés et des ministricules qui vantent les
mérites de ceux qui sont morts à leur place, alors qu’eux sont bien vivants et
vivent bien de leurs rentes de situation.
Leur
11 novembre est celui des défilés militaristes qui glorifient la guerre, alors
que le 11 novembre, à l’origine, était celui des anciens combattants qui
refusaient la guerre. « Plus jamais cela ! »
proclamaient-ils. Et maudite soit la guerre, maudites soient toutes les
guerres !
Contre ce combat pour rendre leur honneur aux soldats fusillés et
à leur famille qui ont subi l’opprobre et la honte, les faux arguments l’ont
disputé aux fausses promesses. On nous a dit que l’on ne pouvait réhabiliter
collectivement les soldats fauchés par les pelotons d’exécution, car il y avait
des droits communs parmi eux.
Cet argument n’a jamais prévalu pour la Libre Pensée, car, avec Voltaire,
elle proclame « qu’il vaut
mieux un coupable en liberté qu’un innocent en prison ». Mais même le
Ministère des Anciens combattants a fait litière de l’argument des droits
communs. Il a, par un communiqué du 24 octobre 2014, dû reconnaître la véracité
de la position de la Libre Pensée. Selon le ministère, il y aurait eu 639
Fusillés pour l’exemple pour « désobéissance militaire » et 369
fusillés pour « actes de droit commun, trahison, espionnage, motifs
inconnus ». Ce qui ferait un total de 1 008 selon Kader
Arif, encore un chiffre différent que celui de 918 donné aux
sénateurs le 19 juin 2014. Laissons au ministère la responsabilité de sa
valse-hésitation sur les chiffres !
Mais force est de constater que, désormais, il n’y a plus de
possibilité d’embrouiller les choses : le gouvernement établit la très
nette distinction entre les Fusillés pour l’exemple et les autres fusillés.
Il rend compte ainsi – et c’est là l’essentiel - de la situation précise formulée
par la Libre Pensée. Dès lors, il n’y a plus aucun obstacle de clarté et de
connaissance de la vérité pour la réhabilitation collective des Fusillés pour
l’exemple !
Nous sommes pour
la réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple et que nous répondent
les autorités ? Elles nous oppose le « cas par cas ».
Prenons un exemple significatif : le cas Chapelant.
Chapelant, innocent de ce qu’on lui reproche, blessé, a été fusillé sur sa
civière, mise à la verticale pour ce faire. Kader Arif met ce cas en
avant, s’agite beaucoup, il lui a fait élever une stèle cette année, dans la
Somme, là où il a été fusillé mais il ne le réhabilite pas.
On pourrait multiplier les exemples. Les partisans du « cas par cas
» n’ont pas fait réhabiliter un seul soldat. On voit clairement que le « cas
par cas » est une manière de ne pas réhabiliter.
Autre réponse des
autorités : une salle aux Invalides pour les Fusillés pour l’exemple, ils
seraient donc à côté de ceux qui les ont condamnés.
En apprenant cette décision, un
descendant d’un fusillé faisait part l’année dernière de sa colère et d’une
façon lapidaire, disait « On
les fusille une deuxième fois ! »
La troisième proposition, c’est de mettre les
dossiers sur Internet afin que chacun puisse juger. Si au point de vue
informatif, c’est intéressant, on se moque tout de même des citoyens, parce
qu’on laisserait ainsi à chacun, comme dans les mauvais jeux télévisés, le soin
de dire s’il réhabiliterait ou pas tel ou tel soldat. La réhabilitation
deviendrait un choix individuel alors qu’il s’agit d’une responsabilité
nationale de l’Etat.
Que serait-il advenu de Dreyfus avec un tel
protocole ? Il serait resté au bagne.
Pour la Libre Pensée, il n’est pas question
d’accepter cette situation !
Pour les combattants de la justice qui œuvrent à la réhabilitation
collective, il faut bannir à tout jamais la peine de mort. Il ne saurait y
avoir de bonnes ou de mauvaises peines de mort. La peine de mort, on est pour
ou on est contre. C’est une question de principe.
La guerre est la première des religions. Elle vient de la nuit des
temps. Toutes les religions ont participé, peu ou prou, aux massacres
collectifs. Il faut sortir l’Humanité de la nuit noire de la barbarie. Les
libres penseurs ne sont responsables d’aucune guerre, si ce n’est de celle que
le cléricalisme leur fait en permanence.
Le sens de notre combat pour que justice et honneur soient rendus
aux 639 Fusillés pour l’exemple est qu’il faut faire reconnaître le droit à la
désobéissance, le droit de refuser de tuer des êtres humains.
C’est pourquoi, à compter de ce jour,
commence une nouvelle ère.
La Libre Pensée propose que soit érigé
sur la ligne de front, un monument en hommage aux 639 Fusillés pour l’exemple.
Nous allons donc lancer une grande souscription pour cela.
Nous en appelons à tous, car nous sommes
aussi la République !
Et la République réhabilitera les Fusillés pour l’exemple avec
tous ceux qui se reconnaissent dans ce combat de justice.
C’est aussi pourquoi, nous ferons les
13 et 14 décembre 2014 à Soissons, dans l’Aisne sur les lieux mêmes des
tranchées du front, le procès des généraux fusilleurs et assassins. Nous
établirons leur responsabilité dans cette horrible tragédie (voir à la fin de
ce discours leurs déclérations).
Nous les déclarerons coupables de crimes devant la conscience de
l’Humanité.
Et c’est aussi pourquoi, en décembre 2015, à Saint-Nazaire, nous
ferons un colloque en hommage aux combattants de la liberté sur le thème
: «Déserteurs, mutins, pacifistes, antimilitaristes de tous les
pays et de toutes les guerres, unissez-vous»
Amis, Citoyennes,
Citoyens, Camarades,
Nous voulons aujourd’hui, une nouvelle fois, remercier encore l’Association
Républicaine des Anciens Combattants, l’Union Pacifiste de France,
le Mouvement de la Paix et les très nombreuses sections de la Ligue
des Droits de l’Homme qui combattent à nos côtés pour que Justice soit
rendue et au niveau départemental, la CNT, l’Université Européenne de la
Paix, le CRABES.
Merci encore aux syndicats de la CGT et de la CGT-Force
Ouvrière qui, au nom et en mémoire de tous les militants et syndiqués de la
CGT originelle qui ont subi ces injustices et cette barbarie, exigent la
réhabilitation collective des Fusillés pour l’exemple.
Merci aux 29 Conseils généraux, aux 3 Conseils régionaux,
au millier de Conseils municipaux à travers tout le pays qui exigent,
d’une voix de plus en plus forte, cette réhabilitation de justice.
Merci à ceux qui continuent de prendre position, indiquant
clairement que la République, c’est aussi eux, la République c’est aussi
nous !
Merci enfin à vous tous, d’horizons divers, connus ou inconnus,
qui vous êtes mobilisés depuis tant d’années pour cette noble et juste cause.
Je vous invite à signer l’ « Appel à la conscience humaine ».
Nous réhabiliterons les 639 Fusillés
pour l’exemple de 1914-1918 !
pour l’exemple de 1914-1918 !
Maudite soit la
guerre, maudites soient toutes les guerres !
Ni dieu, ni
maître !
A bas la
Calotte !
Vive la
Sociale !
Je vous remercie.
Déclaration de
généraux en 1914 :
C’est le général Guillaumat qui, en août 14,
fait un discours aux généraux et déclare : « Ça ne marche pas
comme je le voudrais, et ça tient à ce que vous êtes trop familiers avec vos
hommes. Il faut renforcer la discipline, ne pas avoir peur de fusiller 10, 20,
100 hommes. C’est le seul moyen d’obtenir des résultats. »
C’est le général Joffre qui téléphone au
ministre le 21 août 1914 : « L’offensive de Lorraine a été
superbement entamée. Elle a été enrayée brusquement par des défaillances
individuelles ou collectives qui ont entraîné la retraite générale et nous ont
occasionné de très grosses pertes. J’ai fait replier en arrière le 15ème corps
qui n’a pas tenu sous le feu, et qui a été cause de l’échec de notre
offensive : J’y fais fonctionner ferme les conseils de guerre. ».
C’est le général commandant la 73ème brigade de la
37è division d’infanterie qui déclare le 23 septembre 1914 : « Les
unités de tirailleurs se sont comportées aujourd’hui de façon navrante pour
moi, ancien colonel de tirailleurs. Celles qui n’ont point été engagées ne se
seraient pas mieux comportées, j’en suis maintenant absolument convaincu. J’ai
tué de ma main 12 fuyards et ces exemples n’ont point suffi à faire cesser
l’abandon du champ de bataille par les tirailleurs. »