Amis, Citoyennes, Citoyens, Camarades,
Je vous apporte ici le salut fraternel de la Libre Pensée 29 – Cercle Jean-Marie Déguignet, de la Fédération nationale de la Libre Pensée et de la Fédération nationale laïque des associations des amis des Monuments pacifistes.
Nous sommes réunis pour la réhabilitation des Fusillés pour l'exemple, une réhabilitation collective des Fusillés pour l'exemple. Ni grâce, ni pardon, mais simplement la justice pour ces hommes. Ces 650 fusillés sont les victimes de la folie collective qui s'est emparée de l'Europe, notre réponse, celle qui doit être celle des hautes autorités, c'est la réhabilitation collective des 600 exécutés à qui la République n’a pas encore rendu justice. La cause de la réhabilitation des Fusillés pour l'exemple est à prendre en bloc, sinon elle n'a pas de sens, c'est un acte de justice d'Etat qui est demandé et non pas la conclusion d’enquêtes individuelles.
Oui,
Amis,
Citoyennes, Citoyens, Camarades,
nous sommes contre le
« cas par cas ». Mieux vaut un coupable innocenté, qu’un
innocent toujours condamné. C’est toute l’histoire de notre
pays, depuis Voltaire et ensuite la Révolution française, qui a
fondé ce principe. Comment rouvrir des dossiers dont un grand nombre
a disparu sous les aléas de l’Histoire ? 20% des dossiers des
Fusillés pour l'exemple sont détruits ; dans ceux qui restent, dans
des procès truqués dont la décision était déjà prise avant la
tenue même des Conseils
de guerre, les seules pièces à la disposition sont les témoignages
à charge des Officiers qui n’avaient pour seul but que de faire
condamner les soldats. L’impartialité de la Justice ne pourra donc
être mise en œuvre : il n’y a plus de témoins dignes de ce
nom.
Demander une réhabilitation judiciaire ne peut donc être une réponse
adaptée à l’injustice commise. Cela pourrait constituer un
faux-fuyant pour tous ceux qui refusent, ici ou là, que la justice
soit rendue aux Fusillés pour l’exemple. Nous ne voulons pas de ce
marché de dupes : une étude judiciaire aux résultats
improbables pour un semblant de justice. Nous repoussons cette
tromperie qui ferait traîner, encore plus le dossier des fusillés
pour l'exemple.
Amis,
Citoyennes, Citoyens, Camarades
A
l’heure, où le monde entier résonne encore des bruits de la
guerre, où pas un continent n’est épargné par les massacres
commis en uniforme, où la peur des hommes, des femmes, des enfants,
de vieillards est sans cesse alimentée par la violence d’autres
hommes en treillis, C’est
l'Union européenne qui reçoit le Prix Nobel de la Paix ! L'Europe,
ses Etats, ou l'Union européenne, qui depuis plus de 60 ans se sont
ralliés à toute une série d'interventions militaires sous couvert
de l'OTAN, de l'ONU et des États-Unis, afin soi-disant d’apporter
au Proche et au Moyen-Orient la « paix »
et la « démocratie »
!
Combien de destructions et de victimes innocentes imputables aux
bombardiers partis de Londres, de Paris, d’Italie ou d’Allemagne
sur les peuples sans défense de Libye, d’Afghanistan et d’Irak ?
Combien de gouvernements légitimes renversés en particulier en
Afrique pour
avoir commis une inadmissible faute : refuser les diktats visant
à contrôler leurs ressources énergétiques ?
Oubliée la terrible
guerre dans l'ex-Yougoslavie, où chacun a soutenu qui un
belligérant, qui un autre ! Et ensuite les incendiaires jouent les
pompiers...
Quant
à la paix sociale! Quelle mascarade! L'embrasement
de la Grèce, de l'Espagne, du Portugal, la misère au nom de la
dette, du trou creusé par les banquiers et les capitalistes... C'est
cela la paix ? Demain, à qui le tour ?
Au
début du siècle dernier, avant que l'Europe ne plonge dans la
barbarie la plus inimaginable, où les hommes, ouvriers et paysans,
se battaient contre la mort, le désespoir et les ordres, mais aussi
contre leurs frères sans comprendre ni pourquoi, ni pour qui ; avant
cette haine, des femmes et des hommes se sont dressés contre la
guerre. Aujourd'hui, nous savons l'horreur de cette
guerre, la chape de plomb de la censure a été brisée par la
volonté continue des citoyens. Nous savons et nous comprenons le
désarroi, le refus de l'horreur, la peur du front.
Parmi
ces femmes et hommes
refusant la guerre, déjà le 25 juillet 1914, un homme, le citoyen
Jean Jaurès disait : « Citoyens,
si la tempête éclatait, tous, nous socialistes, nous aurons le
souci de nous sauver le plus tôt possible du crime que les
dirigeants auront commis et en attendant, s’il nous reste quelque
chose, s’il nous reste quelques heures, nous redoublerons d’efforts
pour prévenir la catastrophe.
Quoi
qu’il en soit, citoyens, et je dis ces choses avec une sorte de
désespoir, il n’y a plus, au moment où nous sommes menacés de
meurtre et de sauvagerie, qu’une chance pour le maintien de la paix
et le salut de la civilisation, c’est
que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui comptent un grand
nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes et
que nous demandions à ces milliers d’hommes de s’unir pour que
le battement unanime de leurs cœurs écarte l’horrible cauchemar.
J’aurais
honte de moi-même, citoyens, s’il y avait parmi vous un seul qui
puisse croire que je cherche à tourner au profit d’une victoire
électorale, si précieuse qu’elle puisse être, le drame des
événements. Mais j’ai le droit de vous dire que c’est notre
devoir à nous, à vous tous, de ne pas négliger une seule occasion
de montrer que vous êtes avec ce parti socialiste international qui
représente à cette heure, sous l’orage, la seule promesse d’une
possibilité de paix ou d’un rétablissement de la paix. »
Le
31 juillet, Jean Jaurès est assassiné, le 1er août c'est la
mobilisation générale, le 3 août le début de la guerre, le 4 août
les députés SFIO votent les crédits de guerre et entrent dans le
gouvernement d'Union sacrée.
Loin
de rechercher les motivations de l'assassin Raoul Villain, il y a un
fait : Jaurès est le premier exécuté pour l'exemple. Le premier de
cette guerre. Il a levé la tête pour éviter la guerre, il en a
payé de sa vie. Il est le premier homme victime de la boucherie,
avant ce soldat qui s'élance dans la plaine, et dont la vie sera
fauchée dans le premier assaut. Il est le premier exécuté
sommairement sans l'ombre d'un jugement. Il a de commun
aussi avec les Fusillés pour l'exemple, de s'être élevé contre la
barbarie, l'infamie, la guerre. Chacun à son niveau, mais poussés
par le même refus de mourir, le même désir de vivre.
« Pourquoi
ont-ils tué Jaurès »
demandait Jacques Brel ? La réponse tragique est : pour en
tuer des millions d’autres, et pas toujours sous les balles dites
« ennemies ».
C’est l’horreur des Fusillés pour l’exemple que l’assassinat
de Jean Jaurès a préfiguré.
Ils
ont de commun que les assassins, les bourreaux engallonés des
Fusillés pour l'exemple Et Raoul Villain pour Jaurès, sont
remerciés par la patrie. A l'acquittement de l'assassin de Jaurès,
Anatole France écrit : « Travailleurs,
Jaurès a vécu pour vous, il est mort pour vous. Un verdict
monstrueux proclame que son assassinat n’est
pas un crime. Ce verdict vous met hors la loi, vous et tous ceux qui
défendent votre cause. Travailleurs, veillez. »
Jaurès
assassiné
!
Des
ouvriers et paysans de France, fusillés pour l'exemple ! C'est cette
même génération qui a été sacrifiée
pour les intérêts des marchands de canon.
Comment comprendre que ceux qui se targuent d’être « le
Parti de Jaurès » ne
réhabilitent pas au plus vite les camarades de Jaurès, tous
ceux qui sont tombés après lui ?
Le
refus de l'ignominie doit être réparé, il doit être reconnu pour
être condamné. Et vous avez ce pouvoir, Monsieur le Président de
la République. Vous avez ce pouvoir. Vous avez le pouvoir de
réhabiliter collectivement les Fusillés pour l'exemple.
Amis,
Citoyennes, Citoyens, Camarades
L'histoire
n'a pas besoin d'être réécrite, elle se suffit à elle-même. Elle
est nécessaire pour comprendre. C'est pourquoi la dernière duperie
qu'est la loi Laffineur est un étrange mélange des genres, une loi
fourre-tout où toutes les guerres se vaudraient, les commémorations
ne seraient qu'une. La loi Laffineur, c'est le début de l'oubli,
l'amputation de la mémoire, la condamnation d’une compréhension
de l'histoire. La loi Laffineur ouvre
la célébration des guerres sans en distinguer le fond et les formes
: guerres impérialistes, guerres coloniales.
Alors
que le 11 novembre marquait traditionnellement le refus de la guerre,
la volonté que c’était « la
der des der »,
et que « plus
jamais cela »,
la loi Laffineur indique clairement que la seule perspective ouverte
à notre pays, ce sont « les
opérations extérieures »,
nouveau nom des guerres de conquête coloniale. Comment ne pas penser
alors à Robespierre qui disait que « les
peuples n’aimaient jamais les missionnaires armées » ?
Depuis
plus de dix ans, la Fédération Nationale de la Libre Pensée et ses
Fédérations départementales se battent au côté de la Ligue des
droits de l'Homme, de l'ARAC, du Mouvement de la Paix et de l'Union
Pacifiste pour cette réhabilitation. Dans cette période, ce qui
devrait être possible aux plus hauts sommets de l'Etat, a été
réalisé dans nos communes, nos départements : 17 Conseils
généraux, 3 Conseils régionaux et plusieurs conseils municipaux.
Le conseil régional de Champagne-Ardenne a
émis le vœu suivant en juin dernier, je vous en donne quelques
extraits : "Durant la
première guerre mondiale, 2 400 soldats français ont été
condamnés lors de jugements expéditifs et arbitraires rendus par
des conseils de guerre spéciaux, pour refus d’obéissance, abandon
de poste ou mutinerie. Plus de 650 d’entre eux ont été «
fusillés pour l'exemple », dont de nombreux Champardennais. Ces «
fusillés pour l'exemple » sont morts pour la France et par la
France. Ils n'étaient pas des lâches, comme les autorités
militaires ont voulu le faire croire. Ils se sont insurgés devant
l’hécatombe, contre les échecs répétés des assauts sous la
mitraille.(...) Tous ces hommes ont été injustement dépossédés
de leur honneur. Il appartient à la République de la leur rendre et
de réparer cette injustice comme le demandent leurs descendants et
nombre d'associations. Le Conseil régional apporte son soutien à
cette réhabilitation pleine, publique et collective de tous les «
fusillés pour l'exemple » de la guerre de 1914-1918 et demande au
Président de la République de prendre une décision forte en ce
sens."
Au niveau du Finistère, le conseil général
auquel nous nous sommes adressés par 2 fois, n’a toujours pas pris
position !
La
Libre pensée 29 a invité à ce rassemblement 2 députées :
Mes Annick Le Loch et Patricia Adam
Dans un questionnaire que la LP29 lui avait adressée en juin 2012, Me Le Loch avait répondu : « Oui, je suis favorable à la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la Première Guerre mondiale. Ce serait d’une grande importance symbolique pour la mémoire collective de la France et pour celle de ces hommes qui ont été condamnés pour refus d’obéissance, mutilations volontaires, délit de lâcheté, désertion et souvent même, sans motif. »
Dans un questionnaire que la LP29 lui avait adressée en juin 2012, Me Le Loch avait répondu : « Oui, je suis favorable à la réhabilitation des fusillés pour l’exemple de la Première Guerre mondiale. Ce serait d’une grande importance symbolique pour la mémoire collective de la France et pour celle de ces hommes qui ont été condamnés pour refus d’obéissance, mutilations volontaires, délit de lâcheté, désertion et souvent même, sans motif. »
Nous
avons reçu hier le message suivant : « Madame
la Présidente, Annick
Le Loch, Députée du Finistère, a bien reçu votre invitation au
rassemblement que la Libre Pensée 29 organise à Primelin le 11
novembre prochain et vous en remercie.
Retenue
par un engagement pris antérieurement, elle ne pourra être présente
et vous prie de bien vouloir l’en excuser.
Veuillez
recevoir, Madame
la Présidente,
ses salutations les meilleures »
Quant
à Me Patricia Adam, elle avait posé une question
au gouvernement (parue au JO le 26/10/2010) :,« Mme
Patricia Adam attire l'attention de M.le secrétaire d'État à la
défense et aux anciens combattants sur la question de la
réhabilitation des «fusillés pour l'exemple » de la Grande
Guerre. Elle lui rappelle que dans son allocution prononcée à
Douaumont, le 11 novembre 2008, en présence de plusieurs chefs
d'État et de Gouvernement et de hautes personnalités politiques
françaises et étrangères, le Président de la République a
souhaité rappeler le drame des soldats français fusillés durant la
Première Guerre mondiale. Aujourd'hui certaines associations, comme
la Libre pensée, l'ARAC, l'Union pacifiste, la Ligue des droits
del'Homme, le Mouvement de la paix souhaiteraient que le Gouvernement
prennent des dispositions concrètes afin que les fusillés pour
l'exemple soit réhabilités pleinement, publiquement et
collectivement.
Un
projet de loi en ce sens pourrait ainsi être déposé. Aussi, elle
lui demande de préciser quelles mesures il entend prendre en la
matière. » Nous n’avons
à ce jour aucune répons (notons qu’actuellement Me Adam est
présidente de la commission de la défense nationale et des forces
armées.)
Après
quelques recherches, nous avons connaissance de fusillés pour
l’exemple dans le département.
Amis, Citoyennes, Citoyens, Camarades
Qui peut traverser notre pays sans voir ces
blocs de souffrances élevés à la mémoire de nos pères? Qui peut
parler à la jeunesse en oubliant le sang versé des révoltés, des
insoumis, des rebelles, des hommes simples tout simplement effrayés
de ne plus voir les siens ? Qui peut comprendre alors les boucheries
d'hier pour ne plus les réitérer ? Aujourd'hui encore, les guerres
amènent leur lot de destruction et de désolation, les troupes en
Afghanistan, celles d'autres pays en Irak ne savent même pas
pourquoi elles sont dans un pays qui n'est pas le leur.
Depuis que nous menons ce combat, les Présidents de la République successifs, intéressés, n’ont pas conclu bien qu’ils aient tous considéré que ces soldats n’avaient pas failli.
Depuis que nous menons ce combat, les Présidents de la République successifs, intéressés, n’ont pas conclu bien qu’ils aient tous considéré que ces soldats n’avaient pas failli.
Monsieur
François HOLLANDE, alors Président du Conseil Général de la
Corrèze, avait fait voter une résolution revendiquant la
réhabilitation des fusillés pour l’exemple.
Il
serait donc logique que le Président exauce le vœu du Conseil
Général qui, d’autre part, a été rejoint par 16 de ses
homologues.
A
travers plus de 65 rassemblements dans toute la France, avec des
milliers de pacifistes internationalistes réunis en ce jour, c'est
à vous, Monsieur le Président de la République que nous nous
adressons, la réhabilitation collective des Fusillés pour l'exemple
est un acte politique nécessaire.
Les
plaies doivent finir d'être pansées. Il est venu le temps de
tourner ce tragique chapitre de notre histoire, de faire revenir
l'honneur de ces hommes et de leurs familles dans le giron de la
République.
A bas la guerre ! A bas toutes les guerres !
Maudite
soit la guerre !
Réhabilitation
collective et immédiate
de tous les Fusillés pour l'exemple
de tous les Fusillés pour l'exemple
Ni
dieu, ni maître !
A
bas la calotte
Et
vive la sociale !
Avant
de nous séparer, je vous invite à adopter par vote de l’ensemble
des participants la motion suivante qui sera ensuite envoyée à la
Présidence de la
République.